Morgane CERISIER Responsable Energie & Référente RSE – cegedim.cloud

Conjuguer hébergement et approche Green IT

Incontestablement, le sujet de l’hébergement se positionne au centre des processus de transformation numérique des entreprises. Dans ce contexte, les organisations se tournent massivement vers les datacenters pour héberger leurs applications, systèmes d’informations et données. Cela se traduit par un développement exponentiel des datacenters dans toutes les régions pour satisfaire les besoins exprimés. 

Cette tendance s’accélère notamment avec la montée en puissance de l’Intelligence Artificielle qui crée de nouveaux besoins d’hébergement. Cet état des lieux nous amène à nous poser la question de la consommation d’énergie ou d’autres ressources naturelles de ces bâtiments et plus généralement de leur intégration dans une approche Green IT, aujourd’hui indispensable.

Avoir une hauteur de vue sur l’infrastructure

Sur ce point, deux approches sont à prendre en compte : celle de la construction des nouveaux datacenters et celle de la remise en état des bâtiments existants.

Pour ce qui est des nouvelles constructions, il ne convient pas seulement d’intégrer les règles de l’art en matière d’efficience énergétique et environnementale, mais d’anticiper les futures ! La consommation en eau potable des datacenters tant décriée ces dernières années en est un exemple notoire. Il faut déployer des technologies qui permettent de faire entrer ces bâtiments de plain-pied dans une approche Green IT durable : combinaison de différents systèmes de refroidissement (eau glacée, freecoling adiabatique, …), confinements des baies, achat d’électricité décarbonée d’origine certifiée, production d’électricité locale (fermes photovoltaïques), revalorisation de l’énergie fatale (récupération de chaleur générée pour du chauffage …).  Tout ceci piloté par une intelligence permettant de minimiser l’impact sur l’environnement en définissant la meilleure stratégie de refroidissement, en fonction des ressources naturelles disponibles à l’instant t ou dans un futur proche (prévision météo, prévisions de production d’électricité) et des prévisions de consommation de l’énergie informatique.

La conception de ces datacenters du futur doit intégrer une exigence de modularité de la partie process permettant l’adoption de nouvelles technologies sans remise en cause de leur design, comme le Liquid Cooling qui est de plus en plus associé au besoin d’Intelligence Artificielle.

Dans le cas de réhabilitation de datacenter, il est nécessaire de faire évoluer les bâtiments existants en tenant compte de leurs spécificités structurelles et de leur environnement, en y intégrant dans la mesure du possible tous ces dispositifs permettant de les rendre plus efficients.

Piloter finement le sujet du Green IT

Sur ce point, il convient de mettre en place une gouvernance dédiée qui permettra de mesurer en temps réel les consommations et performances des datacenters : récupération de données sur tous les équipements de la partie process (transformateurs, onduleurs, systèmes de refroidissement) mais également sur les équipements informatiques hébergés (serveurs, …), alertes sur des niveaux de consommation, de température et hygrométrie. Cette approche permet ainsi de détecter des processus qui peuvent être optimisés. La norme ISO 50001 – Management de l’énergie – est une bonne source d’inspiration pour intégrer une démarche d’amélioration continue dans ce domaine.

De plus, en fournissant des rapports détaillés sur les équipements hébergés d’un client, il est possible de l’accompagner dans l’élaboration de son bilan carbone. Dans le cadre d’un fournisseur de cloud maitrisant toute la chaine de valeur – du datacenter jusqu’aux ressources cloud – ce « monitoring » devient un outil puissant permettant à chaque client de devenir acteur sur l’impact environnemental en pilotant sa stratégie énergétique.

Recyclage des équipements

Enfin, il convient d’intégrer la notion de gestion de fin de vie des équipements déployés et utilisés dans sa politique de Green IT. Ainsi, en cas de fin de vie ou de baisse de performance des infrastructures, il sera possible d’opter pour une approche de recyclage et de réemploi plutôt que de jeter ces équipements. Cette action permettra d’améliorer significativement l’impact environnemental des professionnels de l’hébergement.